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• 1138; lat. vitiumI ♦1 ♦ Vieilli LE VICE : disposition habituelle au mal; conduite qui en résulte. ⇒ immoralité, 3. mal, péché. « L'hypocrisie est un hommage que le vice rend à la vertu » (La Rochefoucauld). Le vice et la corruption. — Fam. Dépravation du goût. Il n'aime que les laiderons, c'est du vice !♢ Spécialt (1694) Dérèglement dans la conduite (jeu, drogue, vie sexuelle déviante par rapport à la morale sociale). ⇒ débauche, inconduite, luxure.2 ♦ Vieilli UN VICE : mauvais penchant, défaut grave que réprouve la morale, la religion (⇒ avarice, égoïsme, envie , gourmandise, hypocrisie, impudicité, intempérance, jalousie, luxure, oisiveté, orgueil, paresse, vanité...) . « la ménagerie infâme de nos vices » (Baudelaire) « Il n'avait pas précisément de vices, mais [...] une vermine de petits défauts » (Chateaubriand). Nous nous soutenons « dans la vertu [...] par le contrepoids de deux vices opposés » (Pascal). Mod. Il a tous les vices ! — PROV. L'oisiveté (la paresse) est mère de tous les vices. Pauvreté n'est pas vice.♢ Spécialt, vieilli Pratique, goûts sexuels réprouvés par la société. Le vice solitaire. Vice contre nature. ⇒ perversion.3 ♦ Vx ou littér. Défaut habituel, mauvaise habitude qu'on ne peut réprimer. L'affectation de style « est un vice assez ordinaire [...] aux beaux parleurs » (d'Alembert). ⇒ faible, faiblesse, travers.♢ Habitude morbide qui donne du plaisir. ⇒ manie; maladie. Vice du toxicomane. ⇒ toxicomanie. « Prenez garde à la tristesse. C'est un vice » (Flaubert). « toutes sortes de vices, de manies et de tics » (Duhamel). — Fig. « Ce vice impuni, la lecture », de Larbaud.II ♦ (1260) Imperfection grave, anomalie qui rend une personne, une chose impropre à sa destination. ⇒ défaut, défectuosité. Vice de conformation d'un individu (⇒ difformité, malformation) , d'un organe. Vice de prononciation. Vice de fabrication, de construction. « deux vices fondamentaux qui appelaient deux réformes principales » ( Taine). Vice caché, qui rend la chose achetée inutilisable et dont doit répondre le vendeur. Vice apparent. — Dr. VICE DE FORME : absence d'une formalité obligatoire qui rend nul un acte juridique. Vice rédhibitoire. ⊗ CONTR. Vertu. ⊗ HOM. Vis.Synonymes :- amoralité- dépravation- immoralité- lubricitéContraires :- vertuPenchant particulier pour quelque chose (jeu, boisson, drogue, pratiques sexuelles, etc.)...Synonymes :- péché- tare- traversGoÛt, habitude du libertinage, de la débaucheSynonymes :- dévergondage- licence- stupreContraires :- candeur- ingénuité- puretéImperfection, défaut, qui rend quelque chose inutilisableSynonymes :- défaut- défectuosité- malfaçonvicen. m.rI./rd1./d Inconduite, débauche. Vivre dans le vice.d2./d Penchant que la morale sociale réprouve (en matière sexuelle, notam.).|| Mauvaise habitude qui procure du plaisir. Vice de fumer.rII./r Défaut, imperfection graves. Vice de construction d'un édifice.|| DR Vice caché: défectuosité d'une chose qui n'apparaît qu'à l'usage ou à l'occasion d'une expertise.— Vice de forme: défaut (par erreur de rédaction ou par omission d'une formalité légale) qui rend nul un acte juridique.⇒VICE, subst. masc.I. A. — Au sing.1. [Le vice, p. oppos. à la vertu]a) Vieilli ou littér. Disposition habituelle à faire ce qui est considéré comme moralement et/ou socialement mal; fait de se conduire d'une manière jugée culturellement comme gravement immorale. Synon. immoralité, perversion. Charme, plaisir du vice; horreur du vice; abîmes du vice. L'école de la fantaisie, dont vous nous donnez (...) l'absurde métaphysique, c'est la jouissance, c'est le vice, l'immoralité, la dégradation politique, c'est la Pornocratie (PROUDHON, Pornocratie, 1865, p. 114). Voulez-vous bien aller à l'école, au lieu de prendre du vice dans les rues... C'est vrai, qu'est-ce qu'ils peuvent apprendre dans le ruisseau? Ils peuvent apprendre que le mal (A. FRANCE, Crainquebille, 1905, 1er tabl., 3, p. 243).b) Dérèglement de la conduite; déviance par rapport à la norme morale sociale conventionnelle. Synon. débauche, dévergondage, libertinage, licence, luxure. Aimer le vice; croupir, se vautrer, vivre dans le vice; s'adonner au vice; avoir le vice dans la peau, dans le sang. Le désœuvrement amène l'ennui aigu, et l'ennui jette dans le vice (AMIEL, Journal, 1866, p. 445). Il la mena un peu partout, chez les filles, au bal de l'Opéra, dans les avant-scènes des petits théâtres, dans tous les endroits équivoques où ils pouvaient coudoyer le vice brutal (ZOLA, Curée, 1872, p. 495).— En partic., vieilli. Aller au vice, rentrer du vice. Aller, rentrer d'un lieu de prostitution. Quand son mari rentrait du vice, elle l'avait vu ainsi parfois, la chair à ce point satisfaite, qu'il dormait debout (ZOLA, Fécondité, 1899, p. 581).2. Goût dépravé, contre nature. Synon. perversité. Ta Renée? Vous êtes toujours ensemble, hein? (...) Elle t'a pincé. Tout de même c'est du vice: la femme de ton frère! (ARLAND, Ordre, 1929, p. 404).B. — 1. a) Penchant irrépressible pour quelque chose que la morale, la religion réprouve. Synon. défaut, tare, travers. Vice(s) immonde(s), honteux, odieux, précoce(s); vice de l'âme, du cœur, de l'esprit; avoir un/des vice(s); avoir tous les vices; être plein de vices; être pourri de vices; avoir vices sur vices; satisfaire ses vices. Il est évident que leurs idées morales antérieures sur le vice de la paresse (...) contribuent à donner, à de tels sentiments, une forme toute particulière (JANET, Obsess. et psychasth., t. 2, 1903, p. XII). Il fallait pas que je me galvaude! J'avais déjà trop de sales instincts qui me venaient on ne sait d'où!... En écoutant le petit André je deviendrais sûrement assassin. Mon père, il en était bien sûr. Et puis mes sales vices d'abord ils faisaient partie de ses déboires (...). J'en avais des épouvantables (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 168).— P. plaisant. Cette noble fille est empoisonnée par une grande dame jalouse, une duchesse, ornée de tous les vices, y compris celui de femme légitime (VEUILLOT, Odeurs de Paris, 1866, p. 134).— P. antiphr. Mes filles, c'était mon vice à moi (BALZAC, Goriot, 1835, p. 291).— Proverbes♦ L'oisiveté est la mère de tous les vices. L'oisiveté, on le sait, est la mère de tous les vices; un arrondissement qui a des principes donne de l'occupation à son député, avec l'idée que la sollicitation permanente est la compagne de toutes les vertus (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 344).♦ Pauvreté n'est pas vice.b) En partic., domaine sexuel. Habitude, pratique sexuelle réprouvée par la morale sociale; perversion sexuelle. Vices inavouables, infâmes; vices du sexe. Il s'ingéniait à des variations dramatiques, langoureuses, prometteuses de vices. On lui eût assuré, sans le surprendre, qu'entre ses paupières décloses, passaient visiblement les tableaux de ses imaginations ou de ses souvenirs érotiques (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 316). J'espère qu'en Afrique tu apprendras à embrasser. Tu en as besoin mon petit. À moins qu'il n'y ait que les vieilles qui t'excitent, les mollasses, les langoureuses qui sentent la sonate et la colophane, et que tu aies le vice rance sentimental (ARNOUX, Crimes innoc., 1952, p. 218).♦ Vice solitaire. Masturbation. Mon ignorance était telle que je me suis longtemps représenté le sexe féminin, non pas dans le sens vertical, mais dans le sens horizontal, comme la bouche. À quelque chose malheur est bon, et cette candeur me mit à l'abri du vice solitaire, ce fléau contre lequel nous n'avions jamais été mis en garde (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 244).♦ Vice contre nature. Homosexualité. Les Grecs ne pouvaient pas défendre les vices contre nature (BARRÈS, Cahiers, t. 6, 1907, p. 10).2. a) Habitude morbide, invétérée qui impose au sujet des servitudes et a sur lui des effets nuisibles graves. Vices d'ivrognerie; avoir le vice de la boisson, de la drogue. Puisque décidément je suis entré dans la Via Dolorosa des plus intimes aveux (...) parlons du peut-être seul vice impardonnable que j'ai, parmi tant et tant d'autres:— La manie, la fureur de boire, — là! (VERLAINE, Œuvres compl., t. 5, Confess., 1895, p. 98). Maman aspirait une petite prise de tabac; elle le faisait discrètement, presque en cachette, car elle sait que je n'aime pas à la voir priser, moi qui fume toute la journée, moi qui suis gâté par toute sorte de vices, de manies et de tics (DUHAMEL, Confess. min., 1920, p. 175).b) Penchant excessif, irrépressible pour quelque chose; p. ext., mauvaise habitude. Synon. manie. Avoir le vice de jouer, de lire, de travailler. Si l'on devait, comme les propriétaires, rester à la campagne, on meublerait son ennui de quelque passion pour les lépidoptères, les coquilles, les insectes, ou la Flore du département; mais un homme raisonnable ne se donne pas un vice pour tuer une quinzaine de jours (BALZAC, Paysans, 1844, p. 24). Son vice à lui c'était la pêche. Il passait souvent une semaine canal Saint-Martin (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 54).♦ Vice + adj. Défaut caractéristique d'un groupe social, d'une collectivité. Chaque peuple a son vice national, et si mes compatriotes sont cruels, ils rachètent ce grand défaut par mille qualités estimables (CHATEAUBR., Essai Révol., t. 1, 1797, p. 114). Si on lit ceci on me croira envieux, cela me désole; ce plat vice bourgeois est, ce me semble, le plus étranger à mon caractère (STENDHAL, H. Brulard, t. 1, 1836, p. 275).— En partic. Défaut dans le comportement d'un animal et en particulier d'un cheval. Quand un homme a été désarçonné par un joli cheval, il lui trouve des vices et il le vend (BALZAC, Secrets Cadignan, 1839, p. 364).3. Vieilli, fam. Avoir du vice. Avoir de la ruse, de la malice. Le duc de Bourgogne, au contraire, avait bien du vice, comme dit le peuple, ce qui veut dire aussi qu'il avait bien de l'esprit (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 2, 1862, p. 116). Ah! pour un qui avait du vice, c'en était un celui-là (...) et comme le mâtin jouait de l'attrape-nigaud... (E. DE GONCOURT, Zemganno, 1879, p. 102).4. P. méton. Personne vicieuse. Il eut pitié de ce vice en jupon qui se cache dans les voitures et derrière les portes, déshonorant l'adultère par la vulgarité de sa bassesse (FLAUB., 1re Éduc. sent., 1845, p. 156).♦ Par personnification. Tout à coup une porte s'ouvre: entre silencieusement le vice appuyé sur le bras du crime, M. de Talleyrand marchant soutenu par M. Fouché (CHATEAUBR., Mém., t. 2, 1848, p. 628).— Au sing. coll. Le vice. Les personnes vicieuses. Gourmander, punir, châtier le vice. Protéger, autoriser le vice. Honorer le vice (Ac.).II. A. — Anomalie, défaut grave qui altère une personne, une chose dans son essence et la rend inapte à remplir sa fonction, qui la rend impropre à sa destination. Synon. défaut, défectuosité, malfaçon, tare. Vices du corps; vices de constitution d'une personne; vice de conformation d'un organe, d'une personne; vice de construction, de fabrication. Une horrible palpitation, due à quelque vice dans l'organisation de son cœur, l'agita de ses coups précipités (BALZAC, Enf. maudit, 1836, p. 402). La plupart des accidents de trains dépendent d'une des trois circonstances suivantes: faute des agents, vice des appareils, lacune des règlements (BRICKA, Cours ch. de fer, t. 2, 1894, p. 380).♦ Vice de prononciation. Un jardinier hébété, qui (...) s'exprime d'une manière intolérable, avec d'immenses retards de compréhension et des vices de prononciation, le jardinier du pensionnat, se tient maintenant près de la porte, ânonnant des paroles vagues (BRETON, Nadja, 1928, p. 36).— DR. Défaut affectant une chose, un acte ou une situation juridique. Il faut avoir trente ans pour être député (...) si je suis nommé (...). J'aurai alors vingt-neuf ans et huit mois (...) alors l'élection sera cassée. On recommencera (...) alors j'aurai trente ans et quelques jours. Le vice de l'élection est couvert (MÉRIMÉE, Deux hérit., 1853, p. 17).♦ En partic.Vice de forme. Omission, irrégularité ou inobservation des procédures, des formalités ou des règles requises dans la rédaction d'un acte ou l'élaboration d'un jugement, qui en entraîne l'annulation. Vice de forme dans une procédure. Si c'est une condamnation (...), elle sera probablement cassée, car il est rare que, dans un procès où les dépositions de témoins sont aussi nombreuses, il n'y ait pas de vices de forme que les avocats puissent invoquer (PROUST, Guermantes 1, 1920, p. 243).Vice de consentement. Altération du consentement qui constitue une cause d'annulation de l'acte juridique (erreur, dol, violence) (d'apr. Jur. 1985).Vice caché. ,,Défaut que présente une chose vendue ou louée et qui, inconnu de l'acheteur ou du preneur lors du contrat, permet à celui-ci d'agir en garantie contre le vendeur ou le bailleur`` (CAP. 1936).Vice rédhibitoire. ,,Défaut caché de la chose vendue qui, la rendant impropre à l'usage qu'on la destine (...), permet à l'acheteur non seulement d'agir en garantie contre le vendeur, mais aussi de demander la résolution de la vente`` (CAP. 1936). Une loi du 2 août 1884 (...) nomme vices rédhibitoires les maladies et défauts suivants pour le cheval, l'âne et le mulet: Boiterie intermittente ancienne. Immobilité. Fluxion périodique des yeux. Emphysème pulmonaire (...). Cornage chronique (TONDRA Cheval 1979).Vice propre. ,,Défectuosité inhérente à la chose même (ex. sa tendance naturelle à se détériorer), par opp. à l'action accidentelle d'agents extérieurs`` (Juridique 1987).B. — Défaut de raisonnement dans une opération logique ou intellectuelle, dans le développement de la pensée. Vice de raisonnement; vice d'une analyse, d'un jugement, d'un système. Le vice radical de tout syllogisme est que la majeure est une hypothèse, qui, loin de donner la certitude à la conséquence, la reçoit d'elle, au contraire (PROUDHON, Créat. ordre, 1843, p. 7). Joussier affirmait toujours, il ne voulait jamais avoir tort. Il voyait très bien le vice de son argumentation; il ne s'en obstinait que davantage; il eût sacrifié la victoire de sa cause à l'orgueil de ses principes (ROLLAND, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1290).Prononc. et Orth.:[vis]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Défaut moral 1. 1121-34 « penchant particulier pour quelque chose que la religion, la morale réprouvent » (PHILIPPE DE THAON, Bestiaire, éd. E. Walberg, 816: Envire, malvais vice, Ço est detractiun); 2. ca 1145 « disposition habituelle au mal » (WACE, Conception ND, éd. W. R. Ashford, 415: sanz enfertez sunt e sanz vice); 3. 1549 « défaut habituel; penchant excessif pour quelque chose » (DU BELLAY, Deffence, II, 9, éd. H. Chamard, p. 163: un vice commun [...] c'est l'omission des articles); 1671 (MOLIÈRE, La Comtesse d'Escarbagnas, scène 1: la démangeaison de dire ses ouvrages est un vice attaché à la qualité de Poëte); 1835 (BALZAC, Goriot, p. 291: mes filles, c'était mon vice à moi); 4. 1690 « goût, habitude du libertinage, de la débauche » (FUR.); 5. 1833 « perversion sexuelle, goût pour des pratiques sexuelles réprouvées par la religion ou la morale » (MICHELET, Journal, p. 111: vice de Sodome); 1868 vice contre nature « homosexualité » (LITTRÉ, s.v. nature); 1948 vice solitaire « onanisme » (H. BAZIN, loc. cit.); 6. 1859 fam. « ruse, malice » (LARCH.). B. Défaut matériel, physique 1. 1260 dr. (ÉTIENNE BOILEAU, Métiers, éd. G. B. Depping, p. 3: le vice de li [la marchandise]; p. 94: vice de malefaçon); 1539 vice caché (EST.: vices couvers et cachez); 1765 vice rédhibitoire (Encyclop., s.v. rédhibitoire); 1804 vice de construction (Code civil, art. 1733, p. 316); 1804 vice de forme (ibid., art. 1340, p. 243); 1866 vice propre (en dr. mar.) (Lar. 19e, s.v. assurance: déchets, diminutions et pertes qui arrivent par le vice propre de la chose); 1936 vice du consentement (CAP.); 1936 vice de la possession (ibid.); 1978 vice de fabrication (Lar. Lang. fr.); 2. 1588 phonét. (E. TABOUROT, Les Bigarrures du Seigneur des Accords, fac-sim., Droz, 1986, f° 89 v°: Les Gascons ont aussi ce vice, qu'au lieu d'un V, ils prononcent un B); 1606 vice de prononciation (NICOT, s.v. Maguelone); 3. 1694 pathol. vice de conformation (Ac.); 4. 1746 log. vice de raisonnement (CONDILLAC, Essai sur l'orig. des connaissances hum., t. 1, p. 97: les vices d'un raisonnement). Empr. au lat. vitium « défaut, imperfection, tare; défaut physique, difformité, infirmité; défaut (moral), vice ». Fréq. abs. littér.:3 558. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 7 549, b) 4 040; XXe s.: a) 4 650, b) 3 726. Bbg. QUEM. DDL t. 16, 32.vice [vis] n. m.ÉTYM. 1138; lat. vitium « défaut, vice ».❖———1 Vieilli. || Le vice. a Disposition habituelle au mal; fait de s'adonner à des passions mauvaises, à des plaisirs défendus. ⇒ Immoralité, mal, péché. || Le chemin du vice est la lâcheté (cit. 2). || L'hypocrisie (cit. 2) est « l'hommage que le vice rend à la vertu ». || Le vice et la corruption. || Inspirer l'horreur du vice (→ Dramatique, cit. 5). || La contagion, la lèpre du vice. || Le charme du vice (→ Enveloppe, cit. 8).1 (…) je hais tous les hommes :Les uns, parce qu'ils sont méchants et malfaisants,Et les autres, pour être aux méchants complaisants,Et n'avoir pas pour eux ces haines vigoureusesQue doit donner le vice aux âmes vertueuses.Molière, le Misanthrope, I, 1.b (1694). Dérèglement dans la conduite (notamment : jeu, drogue, vie sexuelle déviante par rapport à la morale sociale convenue). || Vivre, se vautrer, croupir dans le vice. ⇒ Débauche, dévergondage, inconduite, libertinage, luxure. || La fatuité du vice, c'est la Régence (cit. 2).2 Cette merdeuse de dix ans marchait comme une dame devant lui, se balançait, le regardait de côté, les yeux déjà pleins de vice.Zola, l'Assommoir, VIII, t. II, p. 20.c Fam. Altération du goût. ⇒ Dépravation, perversité. || Il n'aime que les laiderons : c'est du vice !2 Un, des vices. Mauvais penchant, défaut grave que réprouve la morale, la religion. ⇒ Défaut, tare (→ Borne, cit. 9; déguiser, cit. 8; dépravation, cit. 1; enfance, cit. 1; gouffre, cit. 14; homme, cit. 81; mépriser, cit. 9; quitter, cit. 9). || Les vices de l'âme (→ Incivilité, cit. 2), du cœur. || Avoir un vice, des vices; il a tous les vices ! || Être pourri de vices.♦ Littér., vieilli. || Un cloaque, une sentine de vices. || « La ménagerie infâme de nos vices » (→ Ennui, cit. 27). — Principaux vices. ⇒ Avarice, égoïsme, envie (cit. 1), gourmandise (cit. 2), hypocrisie (cit. 10), impudicité, intempérance, jalousie (cit. 2), luxure, oisiveté, orgueil, paresse, vanité… || Les vices et les vertus. || La symbolique médiévale des vices et des péchés. || Vices naturels aux enfants (→ Appliquer, cit. 36; enlaidir, cit. 4). || Il n'avait pas de vices, mais de petits défauts (→ Épurer, cit. 4). || « Les vices entrent dans la composition (cit. 1) des vertus… ». || Nous nous soutenons dans la vertu par le contrepoids (cit. 3) de deux vices opposés. || Vices acquis (→ Naturel, cit. 10); vices d'habitude. || Vice occulte (→ Fanfaron, cit. 7). || Vice honteux, odieux (→ Intérieur, cit. 14). || Satisfaire ses vices (→ Déluré, cit. 1). — ☑ Prov. L'oisiveté (la paresse) est mère de tous les vices (→ 1. Mère, cit. 23). ☑ Pauvreté (cit. 8) n'est pas vice.3 Je prêtais quelquefois à la vérité des charmes étrangers; mais jamais je n'ai mis le mensonge à la place pour pallier mes vices, ou pour m'arroger des vertus.Rousseau, Rêveries…, IVe promenade.4 (Talleyrand) devient grand dignitaire de l'Empire avec le titre de Vice-Grand Électeur, « le seul vice qui lui manquait », dit Fouché.Saint-Aulaire, Talleyrand, VII.5 Quelle âme, cependant était enveloppée sous ces appas féminins ! On y rencontrait tous les vices qui caractérisent celle des scélérats : on ne porta jamais plus loin la méchanceté, la vengeance, la cruauté, l'athéisme, la débauche, le mépris de tous les devoirs et principalement de ceux dont la Nature paraît nous faire des délices.Sade, Justine…, t. I, p. 73.6 Mais quelque vice, et le plus grand de tous, le manque de volonté qui empêche de résister à aucun, les réunissait là, dans des chambres isolées il est vrai, mais chaque soir me dit-on, de sorte que si leur nom était connu des femmes du monde, celles-ci avaient peu à peu perdu de vue leur visage, et n'avaient plus jamais l'occasion de recevoir leur visite.Proust, le Temps retrouvé, Pl., t. III, p. 836.♦ Spécialt (vieilli). Pratiques, goûts sexuels réprouvés par la société; perversion sexuelle (⇒ Vicieux). || Ce vice de ma première enfance (→ Échappement, cit. 2). — Plaisir, vice solitaire : la masturbation. || Vices contre nature. ⇒ Bestialité, homosexualité, masochisme, sadisme…3 Vx ou littér. a Défaut habituel, mauvaise habitude qu'on ne peut réprimer. || Le vice du poète (→ 1. Dire, cit. 82), des beaux (cit. 46) parleurs. ⇒ Faible, faiblesse, travers. || Un vice national (→ Sentir, cit. 11). || Le vice critique (→ Opposition, cit. 8). ⇒ Manie; maladie.b Habitude morbide qui donne du plaisir. ⇒ Manie. || Vice du toxicomane. ⇒ Toxicomanie. || La tristesse est un vice (→ 2. Chagrin, cit. 10). || Avoir des vices, être gâté (cit. 33) par toutes sortes de vices. — Fig. || « Ce vice impuni, la lecture » (Valery Larbaud).———II (1260).1 Imperfection grave qui rend une personne, une chose, plus ou moins impropre à sa destination. ⇒ Défaut, défectuosité. || Vice de conformation d'un individu (⇒ Difformité, malformation), d'un organe (→ Rétention, cit. 2).♦ Vx. || Les vices du corps (→ 1. Hypocondriaque, cit. 1). — Vice de… || Vice de prononciation (→ Articuler, cit. 7). — Vice de construction d'un bâtiment. || Vice de fabrication d'un objet, d'un appareil. || Le vice des choses humaines est leur caducité (cit. 3). || Le vice de la démocratie (cit. 2), du régime (→ Œil, cit. 25). — Vices qui appellent des réformes (cit. 4).2 (1830, Balzac). || Vice de forme : « défaut d'un acte juridique ou instrumentaire qui manque d'une des formalités extérieures exigées par la loi pour sa validité ou sa confection » (Capitant). → Invalidation, cit. || Le vice de forme, cause de nullité. ⇒ aussi Cassation.♦ Vice du consentement : altération du consentement entraînant l'annulation de l'acte juridique (par l'erreur, la violence, le dol, la lésion).❖HOM. Vis. — Formes des v. visser, voir.
Encyclopédie Universelle. 2012.